Donc voilà, c'était la grande question du jour. Moi la fille-qui-comprend-rien-aux-hommes-et-à-l'amour-d'une-façon-générale (c'est bon hein, on montre pas du doigt, je suis pas la seule...), j'ai eu ce jour une copine au téléphone qui, comme savent si bien le faire les gonzesses, s'est mise à me parler de son mec (ou de son ex, je sais plus... j'ai pas été très attentive je l'avoue), de leur relation, de ses anciennes relations ratées, de ses relations purement sexuelles et des sentimentales... Bref, une bonne conversation de gonzesse submergée de progestérone. Et de blablabla en blablabla, voilà que surgit la question existentielle : "Finalement, à quoi reconnaît-on un couple amoureux d'un couple qui ne s'aime pas...? Enfin, d'un couple pas vraiment amoureux quoi ? D'un couple ensemble pour la déconne, pour le loisir, d'un truc voué à l'échec...?"

Moi :

"Euuuh, t'es marrante toi mais bon, suis pas spécialisté des relations hommes/femmes et j'ai pas un passé affectif très glorieux donc je préfère pas trop m'avancer sur le sujet...".

Mais la copine avait sa théorie...:

"Ben d'après moi, le signe infaillible, c'est le baiser. Les couples pas amoureux, ils s'embrassent pas ou peu. Ou alors ils s'embrassent dans le cadre de préléminaires et ça finit vite la main dans le froc, donc on peut pas considérer ça comme un vrai baiser en soi... Ou bien un vieux bisou pourri (j'ai adoré l'expression "vieux bisou pourri, huhu ^^) qui fait "smack" ou "moua", un bisou tout sec vite fait pour se dire  bonjour et au revoir. Alors que les couples amoureux, ben eux ils savent s'embrasser juste pour le plaisir de s'embrasser, ils peuvent échanger de vrais baisers de cinémas pendant des heures et profiter juste de cet instant-là. d'après moi, c'est ce détail là qui fait la différence.

- Euuuuuuuuh, mais elle serait pas un peu naze ta théorie ??

- Ben non, je t'assure que le baiser, c'est un truc révélateur. c'est un peu comme après le sexe, si le mec te prend dans ses bras...

- Ca c'est encore plus naze... Evidemment que le mec te prend dans ses bras. Ils te prennent toujours dans leurs bras, ils se sentent obligés.

- Putain merde Eve, fais un effort bordel... Bref, tout ça pour dire qu'après le sexe, si le type prend la peine de te prendre dans ses bras et de te caresser, et avant que tu la ramènes je préfère préciser : te caresser autre chose que la chatte, les seins ou les fesses...

- Bah y reste plus grand chose huhuhu... Nan j'déconne..!!!

- Rolala, t'es relou... Donc voilà, si il te caresse autre chose... genre je sais pas moi, les cheveux, le visage, les mains... Ben ça aussi c'est un signe, c'est révélateur. Ca prouve qu'y a du sentiment là-dessous T'en penses quoi ?

- J'en pense rien, comme d'hab. j'ai jamais rien pigé à ce genre de choses donc je veux bien de croire sur parole si ça peut te faire plaisir... Bien que je trouve ta théorie un peu naze dans l'ensemble... "

J'adore mes copines et leurs grands discours. je les trouve toujours largement discutables leurs théories, mais j'adore quand même. Etre tellement convaincues d'avoir réussi à décortiquer un truc dans le cerveau masculin, ça leur fait tellement plaisir qu'elles en font une théorie indiscutable, selon elles. Un jour, à nous toutes, on va écrire un guide qui sera vendu 2 € dans les kiosques des gares...

D'ici quelques jours, j'aurai 26 ans. "Encore une gamine !", diront certains. sauf que moi, je vois les choses d'un oeil différent. Jusqu'à 25 ans, cela ne me posait pas de problème... j'étais dans la vingtaine, après tout, et dans la meilleure partie de la vingtaine : celle où l'on devient adulte sans cesser d'être jeune (une théorie qui n'engage que moi, bien évidemment). De 20 à 25 donc, tout allait bien. Sauf que là, je m'aprête à entrer dans la phase "25 et plus", ce qui, en d'autres termes, revient à dire que je m'approche dangereusement de la trentaine !! Rude...

La Rousse et moi, on s'est connues au lycée. On en parle comme si c'était hier, sauf que, bah c'est loin d'être hier, c'est même carrément dix ans en arrière même si on refuse d'y croire. Alors pour se rassurer, on se dit ça :

"C'est rien la Brune, dis-toi qu'on arrive dans notre plus bel âge, dans notre meilleure période.

- Ouais la Rousse, t'as raison après tout... Faut pas regretter la fac et le lycée, c'est maintenant qu'on est au top, MAINTENANT ! D'ailleurs tiens, tous ces mecs qu'on fréquentait au lycée, et qui pigeaient rien à l'époque, ben si ils nous avaient rencontrées là maintenant, ils en reviendraient pas, héhé...

- Exactement, ils nous auraient connues dans notre meilleure période, eh ouais !!

- Eh oui... regarde, à 25 ans et plus, ben ayé, sexuellement on est au top.

- Oui, m'enfin bon, au lycée on était déjà au top mouahahaha ! Non sérieux c'est vrai, t'as raison. Ce qu'il y a de bien avec l'approche de la trentaine, c'est qu'on assume.

- On assume quoi ?

- Ben on assume... on assume d'avoir envie de recouvrir un mec de chocolat et de le lécher tout entier tiens...

- On assume d'avoir des vibros dans le tiroir de sa table de chevet...

- On assume ses perversions...

- Ouais, c'est cool ça, d'assumer ses perversions.

- Ben tu vois, quand j'te l'dis : on est dans notre meilleure période, c'est tout...".

Elle est gentille la Rousse... elle me fait presque oublier que dans une dizaine de jours, je cesserai d'avoir 25 ans, snif.

Quand le moral est bas ou que l'une des deux traverse une période de doutes et de remise en question, la Brune et la Rousse organisent dans l'urgence des cellules de crise : mise en place de victuailles en quantité, minutieusement choisies afin de rebooster le moral de la désespérée (et, accessoirement, de donner du courage à celle qui s'apprête à écouter l'autre raconter sa vie pendant des heures) et choix d'une boisson appropriée en fonction du degré de désespoir (du thé au rhum, en passant par le vin rouge quand l'humeur est mitigée).

Récemment, ce fut au tour de la Brune de contacter la Rousse pour mettre en place la cellule de crise...:

Ordre du jour : Comment gérer les choses quand on vient de quitter son mec et que l'on se retrouve à nouveau seule avec deux enfants ?

En présence de : la Brune, la Rousse, un thé vert bio et du chocolat noir

La Brune s'aprête à déménager. La Brune, c'est moi. Passons donc à la première personne pour narrer le récit ô combien passionnant du nouveau gâchis que je viens d'accomplir.

Pour des raisons pas simples, l'homme et moi, nous nous quittons. A vrai dire, c'est plutôt moi qui quitte l'homme, il faut bien le reconnaître. Après des mois de réflexion et une attitude pas toujours très réglo, lassée des incompréhensions mutuelles et du sentiment de n'être ni à ma place ni à la hauteur, fatiguée de devoir sans cesse lutter pour tenter de rallumer l'étincelle, désespérée de ne plus l'aimer comme il faut, il a fallu que je fasse le choix de la rupture. C'était inévitable, me dis-je. il répondrait que j'ai failli, que j'ai cessé d'y croire et de me battre, que j'ai tout abandonné, que c'est un beau gâchis.

Alors voilà, je pleure. Je pleurniche devant ce beau gâchis, devant tout le mal que j'ai fait, devant l'être que j'ai bousillé, devant la nouvelle vie qui m'attend. Une vie pas simple, évidemment. Une vie de mère célibataire, avec tout ce que cela implique. Et vivre avec ce foutu sentiment d'avoir merdé, une fois de plus, et rire de me dire qu'à même pas trente ans, se retrouver seule avec deux enfants de deux pères différents, ça craint un peu et qu'y a vraiment que moi pour faire des trucs pareils...

"Merde la Rousse, j'ai vraiment merdé cette fois. A croire que je serai jamais foutue d'avoir une vie normale... T'imagines... qu'est-ce que je raconterai aux enfants quand ils seront grands...?

- T'as pas merdé, la Brune. T'as juste fait le choix d'avoir la vie que tu veux, de toujours vivre comme t'en as envie. T'as bien raison, merde...".

Voilà, en quelques mots réconfortants, la Rousse vient de mettre fin à la cellule de crise. La Brune a obtenu les mots qu'elle voulait entendre et se sent déjà mieux. Il ne lui reste plus qu'à aller pisser les trois tasses de thé qu'elle s'est tapée avant d'aller se coucher.

Il n'y a pas de blonde. Juste la Brune et la Rousse.

Juste deux copines bavardes et pas forcément hystériques bien que jugées effrayantes parfois... Parce qu'elles se taisent rarement, qu'elles parlent beaucoup sur tout, avec une prédilection pour les sujets tels que le sexe, la bouffe et ces foutus hommes qui ne pigent rien aux femmes mais leur font tourner la tête, malgré tout...

Juste deux copines qui font tout dans l'excès, qui s'octroient des orgies de bouffe quand le moral est bas, qui noient leurs angoisses dans des torrents de thé, qui parlent de sexe un peu trop souvent, qui assument leurs fantasmes et perversions (il paraît que c'est l'approche de la trentaine qui veut ça), qui n'aiment que dans la démesure, qui refont volontiers le monde autour d'un plateau de sushis...

Et quand les deux copines décident de se coller au clavier, ça donne ça : "la Brune et la Rousse", un blog à quatre mains, parce que quatre mains valent mieux que deux et qu'on n'est pas trop de deux pour raconter tout ce qu'on a à dire, même si ça n'intéresse que nous.

Vous qui avez toujours rêvé de savoir ce que peuvent bien se raconter les filles dans les toilettes d'un restaurant (parce que oui, c'est bien connu, les filles préfèrent aller faire pipi à deux plutôt que toutes seules), vous n'allez pas être déçus...